Le monde est vraiment petit
Cela vous dirait de rencontrer
votre acteur préféré? Réjouissez-vous : cela est théoriquement possible
grâce aux six degrés de séparation, théorie stipulant qu’on peut lier 2
personnes prises hasard au travers de 6 connaissances communes au plus.
Bien qu’improbable, cela
est vrai. Cette théorie, d’abord postulée par l’écrivain hongrois Frigyes
Karinthy, a été démontrée par le psychologue américain Stanley Milgram dans les
années 1960. Son expérience était la suivante: un habitant du Midwest devait
faire parvenir un colis à quelqu’un qui lui était inconnu et qui résidait à
Boston en respectant une seule contrainte. Il ne fallait pas envoyer le colis
au destinataire directement, mais le transmettre à une personne susceptible de le
connaitre, qui à son tour ferait la même chose, et ainsi de suite.
En prenant comme
échantillon 296 personnes, il a fallu en moyenne 5.2 personnes
intermédiaires pour faire parvenir le colis, soit 6 six degrés de séparation.
Ces résultats, bien que spectaculaires, le sont d’autant plus en considérant qu’à cet époque (fin du 20ème siècle) les réseaux sociaux n’étaient pas aussi développés qu'aujourd'hui, voire inexistants. Deux personnes prises au hasard étaient moins susceptibles d’être liées qu’aujourd’hui, où
le nombre d’amis en
communs entre deux individus sur les réseaux sociaux permet de lier des
étrangers qui ne se connaissent pas de prime abord.
Il est donc intéressant
de retester cette théorie avec les moyens technologiques actuels. C’est ce qu’a
fait une équipe de Facebook. Avec un échantillon d’étude plus large – les 700
millions de membres de Facebook – ils ont essayé de relier deux personnes
inscrites sur le réseau social prises au
hasard, au travers de leurs amis en commun. Les résultats furent surprenants :
4,74 degrés, soit moins de 5 personnes suffisaient à connecter deux inconnues. Ce
nombre passe à 3 si l’analyse est réduite à un seul pays, ce qui prouve
scientifiquement une théorie qui n’était à l’origine que le sujet d’une nouvelle
d’un écrivain hongrois.
Toutefois, une question
se pose : l’expérience de Milgram reposait sur le fait que la personne qui
envoyait le colis le transmettait à quelqu’un susceptible de connaître le
destinataire final. Mais pour que cela se produise, il faut que les deux
premières personnes de la chaine se connaissent, ce qui n’est pas forcément
vrai sur Facebook : deux personnes peuvent avoir 10 amis communs entre
elles et ne pas se connaître directement. Donc la démarche d’aller demander à
un inconnu d’envoyer un colis pour la simple raison qu’on a 10 connaissances
communes est un peu illusoire.
Microsoft avait pris en
compte ce paramètre et l’avait incorporé dans une expérience similaire il y a
quelques années. Cette étude avait utilisé une définition plus restreinte de l’amitié:
là où les chercheurs de Facebook considéraient comme liées deux individus ayant
le statut d’amis sur le réseau social uniquement, ceux de Microsoft
considéraient comme « liés » deux individus qui avaient échangé des messages de
tchat sur Windows Live Messenger. Cette fois, les résultats se rapprochaient
plus de ce que stipulait la théorie : 6,6 degrés séparaient deux individus
pris au hasard.
Pourquoi cette
différence entre l’expérience de
Facebook et celle de Microsoft? Un chercheur de l’université Cornell (Etats-Unis)
avance une explication au nombre beaucoup plus faible mis en évidence par les
équipes de Facebook. Selon lui, ce sont les liens
faibles – ces relations
sociales lointaines particulièrement vivaces sur Internet – qui expliquent ce
surprenant résultat : ‘‘Nous sommes proches, en un sens, des gens qui ne sont
pas nécessairement comme nous [... ]. Ce sont les liens faibles qui rendent le
monde petit.’’
Benmakhlouf Youssef
Sources :
https://en.wikipedia.org/wiki/Six_degrees_of_separation
http://whatis.techtarget.com/definition/six-degrees-of-separation
http://www.citylab.com/tech/2014/11/can-twitter-prove-six-degrees-of-separation/382698/
http://www.nytimes.com/2011/11/22/technology/between-you-and-me-4-74-degrees.html?_r=2&src=tp
https://www.facebook.com/notes/facebook-data-team/anatomy-of-facebook/10150388519243859
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